Le député conservateur de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, dénonçait récemment le montant de 284 M$ dépensé par le gouvernement libéral pour la refonte de l’image du passeport canadien.
Je dois d’emblée vous dire que M. Généreux a totalement raison de dénoncer cette futile dépense qui, à mon sens, démontre sans équivoque que le gouvernement de Justin Trudeau a complètement perdu le contrôle des finances publiques, et même le sens des réalités.
On ne parle pas ici de la construction d’un édifice sportif ou d’un investissement dans le domaine militaire, mais bien d’un projet visant à… remodeler le passeport canadien!
Rappelons ici à titre comparatif que la construction du Centre Vidéotron à Québec entre 2012 et 2015 a coûté au total 370 M$, et que l’amphithéâtre peut contenir 20 396 places en formule concert. Ce dernier est immense, et est visible à plusieurs kilomètres à la ronde en raison, bien entendu, de sa dimension.
En d’autres termes, il aura fallu énormément de béton et d’huile de bras, sans compter le travail des ingénieurs, afin d’ériger ce bâtiment qui fait la fierté des citoyens de Québec, bien qu’il n’y ait malheureusement pas encore d’équipe de la LNH qui l’habite comme prévu au préalable.
Mon point est le suivant : il est facile de retracer les investissements relatifs à la construction du Centre Vidéotron, puisque ce legs est fortement visible en raison de sa superficie. On peut le toucher, le regarder, le visiter, assister à des parties de hockey ou à des concerts de calibre national, et même international, dans cet amphithéâtre.
Maintenant, peut-on en dire autant de la refonte du passeport canadien? Après 284 M$, que nous reste-t-il de palpable dans cette aventure, mis à part le modèle d’un nouveau passeport?
On nous dit du côté du gouvernement canadien que la nouvelle mouture du passeport utilise les dernières caractéristiques de sécurité, et les techniques de conception les plus avancées disponibles. Par ces nouvelles caractéristiques de sécurité, il resterait l’un des documents de voyage les plus sûrs et les plus acceptés au monde. « Cela signifie que vous continuerez probablement à éviter les contrôles supplémentaires aux frontières », peut-on lire sur le site du gouvernement du Canada.
Je veux bien, mais comment se fait-il qu’un simple travail de graphisme pour remodeler le passeport d’un pays du G7 puisse coûter une telle somme, même si on nous assure que ledit document est plus sécuritaire puisqu’il utilise les dernières technologies sur le marché?
Mais qui est le brillant artiste qui nous a concocté ce nouveau document de voyage? Était-il payé un million de dollars l’heure, pour finalement avoir travaillé 284 heures pour arriver à ce résultat qui, disons-le, n’épate personne?
Rappelons au passage que le budget initial pour élaborer le nouveau concept du passeport canadien était de 161 M$. Il s’agit donc ici d’un dépassement de coûts de 123 M$, alors qu’on y a effacé des symboles historiques, dont le majestueux château Frontenac qui fait l’orgueil de la belle ville de Québec, sinon de la province au grand complet.
À titre d’information, savez-vous combien de chars d’assaut de type Léopard 2, dits de troisième génération, le Canada aurait pu se procurer avec les 248 M$ en question? Entre 35 et 40 de plus, alors que le pays en possède déjà 112! Cela illustre bien que tous les arguments apportés pour défendre la saga injustifiable du renouvellement du passeport canadien ne tiennent tout simplement pas la route.
Où sont les enquêtes?
Que ce soit le système de paye Phénix du gouvernement fédéral, qui a coûté plus de 2 G$ alors qu’il s’agit essentiellement d’un programme informatique; les 500 M$ engloutis dans le nouveau système informatique de la SAAQ au provincial, qui devait initialement coûter 25 M$, alors que les usagers de la route ne sont même pas en mesure de faire immatriculer correctement leur véhicule en arborant une immatriculation temporaire en papier dans la vitre de derrière; et maintenant le coût absurde de la refonte du passeport; rien, mais rien n’est justifiable dans ces trois cas de figure qui impliquent les nouvelles technologies.
Il est temps, à mon humble avis, que les contribuables demandent des enquêtes publiques. Dans les circonstances inflationnistes actuelles, où plusieurs Canadiens et Québécois éprouvent une accumulation de difficultés pour joindre les deux bouts, il est plus qu’inacceptable de voir les gouvernements agir de telle manière sans devoir rendre des comptes.
Où vont ces sommes astronomiques, alors qu’on parle principalement de programmes informatiques et d’un travail de base de graphisme?
Il est donc indéniable à mon sens que les citoyens n’en ont véritablement pas pour leur argent, et que les enquêtes sont malheureusement nécessaires… La question maintenant : qui aura le courage de procéder auxdites enquêtes, et de dire haut et fort que le « party » est terminé?
La démocratie doit reprendre ses droits, car dans ce système politique qui est le nôtre, ce sont les élus qui doivent rendre des comptes aux citoyens, et non l’inverse. Qu’on s’en souvienne!